[Anciens du Maroc] nos rencontres exceptionnelles

En attendant la suite du récit d'Emile, une petite vidéo qui n'a pas grand intérêt si ce n'est de nous replonger dans ces voyages qui nous manquent tant.

Rencontre marocaine autour d'un chant berbère, sur le ferry...

la fin 

bonjour à tous 
J’ai donc retrouvé Mohamed il est descendu avec moi au camping, je voulais qu’il salue Odette et grâce à Mustapha qui servait de traducteur nous avons pu échanger un peu, j’ai appris que son père était décédé, et que lui avait du mal à s’occuper du jardin tout seul
Encore plusieurs années plus tard, je reviens au Sindibad et là, j’ai la surprise de découvrir qu’il y travaillait désormais comme gardien de nuit. Bien sûr, grosse effusion lors de nos retrouvailles et cette fois c’est moi qui lui offre le thé !!!!  et les gâteaux, nous partageons d’ailleurs un super gâteau qu’Odette a acheté le matin car elle sait que je suis très gourmand.
Le lendemain matin, on se lève toujours vers 7 h 30, 8 h, on frappe à la porte !!!!! Voilà Mohamed qui avant de repartir chez lui nous apporte deux jus d’oranges !!!!  Cela me touche beaucoup car je sais bien que pour lui, même les oranges sont chères. Et il le fera tous les jours pendant notre séjour au Sindibad,  bien sur il ne veut rien en échange, alors je m’arrangerai avec Mustapha pour qu’il lui donne une prime spéciale ce mois là prime bien sur que j’ai en douce financée,  comme ça je ne risquerai pas de le vexer.
En 2019 je fais mon dernier voyage avec Odette (on ne veut pas se le dire mais on les sait bien tous les deux) mais elle a tenu à m’offrir cela, alors qu’elle ne voulait plus y aller et surtout que sa santé était loin d’être brillante. Ce voyage je le veux rien que pour nous deux, afin qu’elle oublie les docteurs, les hôpitaux et sorte d’un univers si traumatisant ;  bien sur nous le faisons pratiquement incognito et allons uniquement dans des endroits qu’elle aime, donc nous passons plusieurs jours  à Zagora, je l’ai vu avec plaisir renaître un peu, il faisait beau et tout allait bien, malheureusement c’était le chant du cygne et il nous a fallu remonter assez vite.  
Je n’ai pas revu Mohamed qui travaille ailleurs désormais, ou bien sur il va mieux gagner sa vie, c’est d’ailleurs Mustapha le patron du camping qui lui a trouvé ce boulot,  mais il restera pour moi une rencontre merveilleuse, la preuve que des gens d’un autre pays, d’une autre religion, et avec des façons de vivre complètement différentes peuvent un jour partager une amitié qui apporte du bonheur de vivre et l’amour de l’autre quel qu’il soit, au lieu de distiller la haine qui elle n’apportera que du malheur et de la mort. Je ne le remercierai jamais assez car il m’a appris combien les choses simples sont souvent les meilleures et combien la joie de donner est bien plus importante que celle de recevoir.    
Bonne journée a tous

Bonjour

Une bien belle histoire Émile. De beaux souvenirs que tu nous as fait partager.
 
    Nicole

Bonjour,

Merci Emile de partager tous ces bon souvenirs.

Bonne journée à tout le monde.

Salut
Je crois que j'ai déjà raconté
Je guidais une moto et je trouvais pas la sortie de la piste du Drâa, juste avant la route de TanTan.
C'est très con, mais à 200m de la route, faut bifurquer par une autre vallée, via un oued pour retomber sur la route
Bref, motard creuvé, moi aussi... et je vois un petit gamin nomade. Il m'indique la vallée et je le suis en 4x4 (il voulait pas monter) et là, trop soulagé, je lui donne 3dh
Il regarde les pièces dans sa main... et me rend 1dh
no comment !

bonjour
vous avez remarqué comme on a fait de formidables rencontres au Maroc
mais a force on finit pas s'y habituer bien sur on apprécie mais ça ne nous surprends plus
et puis deux jeunes filles viennent nous rappeler que tout cela n'est pas ordinaire 
et c'est même exceptionnel

https://www.youtube.com/watch?v=8RTzbCWRghA

Bonjour

Merci Emile de faire resurgir cette rubrique qui devrait s'étoffer car des belles rencontres, nous en avons tous fait parfois des surprenantes:

 Etrange rencontre

La route, long ruban d’asphalte, serpente entre les dunes. Quelques dromadaires indifférents à la circulation mâchent  longuement les touffes d’épineux qui, miraculeusement ont poussé dans cette étendue aride. Le ciel est bleu, pas un souffle ne soulève les grains de sable, c’est un de ces rares jours où l’harmattan ne vient pas troubler la sérénité du paysage.  Nous quittons le goudron pour une piste, cap ouest. Chemin cahoteux, pierreux, sableux, nous sommes au pays des Sarahouis, nomades depuis toujours, nous apercevons des tentes couleur de sable qui abritent les familles. Des troupeaux de chèvres paissent autour des campements.
Que faisons-nous ici?
Une heure plus tard une brise fraîche apporte des odeurs marines. Devant nous l'Atlantique bordé par une plage  à perte de vue, un endroit idéal pour la pêche. L'immensité de la mer et celle du désert donnent à cette promenade un sentiment de liberté absolu! Deux humains perdus dans le Sahara!!  
Seuls? Nous avions oublié qu'ici nous ne sommes jamais seuls! Venu de nulle part, un homme s'avance. Visage buriné, ocre comme la terre dont il semble issu. Nous sommes habitués à ces rencontres avec des loqueteux qui échangent leurs connaissances des lieux contre quelques cigarettes. Une surprise nous attend! Dans un français irréprochable il nous aborde poliment. Vêtu à l'européenne  de hardes propres,  qui doivent avoir une longue vie, il a une bonne allure. Cette "apparition" n'a pas fini de nous surprendre! Grand, d'âge mur il s'inquiète de notre provenance. La France? il connait! Il y a vécu dans une autre époque, nous dit-il. Mon mari prépare son matériel de pêche, lui me demande s'il peut rester un moment avec moi pour bavarder. Très vite la conversation prend un tour ... étonnant. Si la philosophie est la recherche de la sagesse, j'ai croisé un philosophe!
 Il est  étrange  de réfléchir sur le monde et l'existence humaine, de méditer sur le bonheur avec un parfait inconnu rencontré par hasard dans un lieu inhospitalier  pour le genre humain !  
 Est-ce le  paysage d'une exceptionnelle beauté qui incite à s'interroger sur les valeurs essentielles de la vie?  
Vivre ici, pourquoi? Comment? Depuis quand? Où?
Toutes ces questions je ne les poserai pas, par discrétion, pour respecter son choix de dire ou de ne pas dire.  
Lui raconte: les Sarahouis, le nomadisme, la liberté et ses contraintes: le besoin d'eau, de manger, de se protéger des intempéries. Comment a-t-il résolu tout cela?
Il me demande de l'accompagner, oh! pas loin, juste contre la falaise pour découvrir le "secret" : une source d'eau douce! Il ne l'a pas découverte, elle est connue de tous et même des chèvres qui viennent s'y abreuver. "Ce qui embellit le désert c'est qu'il cache un puits quelque part."  Le petit prince.
Pour la nourriture il y a les poissons, il pose un filet à marée basse et le relève à la marée suivante. Il ne me dira pas les contraintes de ce travail mais je sais qu'il faut entrer dans l'eau jusqu'à mi poitrine pour poser et retirer le dit filet et ceci par tous les temps! Dur labeur dont il tire quelques revenus. Récolte dont il se régale:
-   Quoi de plus satisfaisant que de faire griller la pêche du jour sur un feu de bois, sur une plage, face à l'Amérique? Me dit-il en souriant! Et il y a les coquillages! ajoute-t-il!
Retour à la nature, écologie, bonheur simple, est-il vraiment sincère quand il me raconte tout celà?    
Son lieu de vie? Nous l'y accompagnerons plus tard à la suite d'une invitation à prendre le thé. Une cabane, faite de matériaux de récupération: palettes, toiles, branchages, pierres, un banc au soleil sur lequel nous nous asseyons. Comme réchaud, un kanoun, poterie en terre cuite utilisée comme braséro pour la cuisson au charbon de bois sur lequel il pose la bouilloire. A côté un véhicule qui n'a plus d'âge! Mais nous dit-il, elle roule et me permet d'aller chercher des provisions, légumes, boissons qui ne se trouvent pas dans le sable!
Qui est-il? Pourquoi ce choix de vie? Nous ne le saurons pas! Pendant nos bavardages il est resté  très pudique sur sa vie n'abordant que des thèmes généraux sur l'amour , la beauté et la vanité des biens matériels.  
Il a évoqué Saint Exupéry qui au début du XX° siècle était à Cap Juby, aujourd'hui Tarfaya à quelques kilomètres d'ici. Je sais qu'un musée lui est consacré dans cette  ville  mais .... combien d'autochtones connaissent son nom ?
Assis sur la grêve, nos pensées errent librement. Il rompt le silence en me demandant nos signes astrologiques: scorpion pour mon époux, balance pour moi.
-   Tu as de la chance, mais tu dois être prudente et tolérante! Ta vie sera belle!
Si je m'attendais à "un diseur de bonne aventure"! Cette journée est pleine de surprise!
 La partie de pêche est calme, comme la mer dont les vagues viennent lécher le sable. Nous ne ramènerons pas de poissons. un thé, un au revoir et nous rejoignons la civilisation. Avons-nous rêvé cette rencontre? Etait-ce un mirage auquel nous avons cru comme beaucoup de voyageurs du désert?
Nous sommes revenus sur cette plage l'année suivante mais ... plus de cabane, plus d'apparition, et ... pas de poissons non plus!!


« La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu'elle nous résiste. L'homme se découvre quand il se mesure avec l'obstacle.  »
de Antoine de Saint-Exupéry
Extrait de Terre des hommes

C'est très beau Nicole, très touchant, vraiment
La citation à la fin de Saint ex est tellement juste aussi !

Il y avait à l'oasis sacré, qui s'appelle en vrai Oum Laalag, un monsieur handicapé, blessé à la jambe.
Chaque fois, j'amenais mes clients, pour lui acheter quelques oranges
On n'a pas parlé ensemble, il ne parlais pas Fr et moi pas assez bien Arabia, nos regards suffisaient, il savait ce que je faisais pour lui et moi, ce qu'il faisait pour moi !

Merci Emile de rappeler cette merveilleuse aventure de ces deux jeunes filles que nous suivons depuis leur arrivée au Maroc avec beaucoup de plaisir, elles n’ont pas fini de nous émerveiller pour la suite de leur périple en Afrique. Leur dernier reportage près de dakhla était particulièrement stressant et l’aide qu’elles ont eu montre bien la générosité et l’entraide.
Merci aussi à Nicole pour ce magnifique récit et dommage que vous n’ayez pas eu l’occasion de revoir ce beau personnage l’année suivante mais cette aventure reste malgré tout gravée et vous donne ici l’occasion de la partager.
Bien amicalement
Nicole

Bonjour

Vous voulez un autre récit de rencontre? En voici un!

Salama
Il y a une trentaine d’années nous partions pendant les vacances d’été dans le grand sud. Après un séjour à Dakhla nous retrouvons des amis à Tarfaya et nous nous installons sur la plage. Dans la soirée un jeune s’approche du campement et propose de montrer des « bons coins de pêche ». Pendant notre séjour il nous accompagnera au village pour notre approvisionnement en eau. Il faut dire qu’à « cette époque » l’eau était amenée par camion sur la place et la foule se pressait pour se ravitailler. En compagnie de Salama, nous nous approchons et faisons la queue. Les gens s’écartent pour laisser passer « les touristes ». Pas question de refuser il nous faut avancer !. Sur la route du retour Salama nous montre sa grotte dans laquelle il vit. Il est fier de nous montrer son four à pain construit de ses mains. Il parle bien français et nous raconte avoir appris à l’école le poème de Baudelaire : L’Homme et la mer qu’il récite ainsi que le texte de Marie Myriam L’oiseau et l’enfant.
Dix ans plus tard, nous voila de nouveau à Tarfaya et tandis que nous prenons un thé avec des amis nous leur racontons l’histoire de Salama et un homme s’approche : vous voulez pêcher ? Il y a un bel endroit dans 6 km si vous voulez je vous y attendrez. Plus tard nous voici au lieu prévu. J’ai un souvenir : c’est là que  nous étions quelques années auparavant et cet homme est surement Salama ! En descendant du camping car je lui dis : tu connais la chanson de Marie Myriam ? Oui et le voila qui déclame !! Il est maintenant marié et un bébé s’annonce. Nous resterons quelques jours et … participerons aux préparatifs de la future naissance.
Les années passent, le siècle a changé, nous sommes retraités et avons du temps libre pour des séjours plus longs. Installés à Akhfenir nous partons pour une partie de pêche vers Tarfaya. Paul (notre accompagnateur) nous indique 6 km avant le village il y a un bon endroit. A peine arrivés, vous avez deviné : un homme vient  nous rejoindre ! Salama a divorcé, pratique la pêche mais aussi la pêche aux touristes. Il a essayé d’aménager une aire pour camping caristes. Certains des anciens l’ont peut-être rencontré. J’ignore ce qu’il est  devenu mais je sais qu’il a du « s’éloigner » ses activités ayant pris une mauvaise direction. J’oublie la fin et me souviens avec plaisir de ce jeune déclamant son poème un soir dans le désert !

Bonjour

Les histoires de Jean étaient toujours très agréables à lire et témoignaient d'une grande humanité.
Quelqu'un a-t-il des nouvelles?

Je l'avais rencontré à Akhfenir, il séjournait au Fatma et il a raconté la "légende" du Fatma. Il faut que je la retrouve!

Bonne journée
  Nicole